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La Bounty, les prisonniers de l'évasionVingt-cinq ans de navigation, des régates sur yachts classiques, quelques années à Tahiti, maître d'équipage à bord de la goélette La Belle Poule... Si La Rochelle est aujourd'hui son port d'attache, Stéphane Attard a écumé les mers du monde. Ce voileux breton, passionné de vieux gréements a conservé de ses années de service dans la Marine Nationale un port racé. Son regard bleu profond évoque celui des aventuriers au long cours. Il vient de publier "Bounty, les prisonniers de l'évasion ". Consacrée à l'un des plus grands mythes de l'histoire maritime, cette étude très sérieuse se lit comme un roman.
Photo : ubacto - Stéphane Attard
Pourquoi La Bounty ?Les quelques années passées à Tahiti où je découvre la culture Tahitienne et Maori puis celles à bord de la Belle Poule pour l'esprit des grands voyages. C'est aussi l'histoire d'une utopie dans le Pacifique. Le destin des mutins est tragique. Un seul survivant fut retrouvé dans la petite île perdue de Pitcairn. Les révoltés de la Bounty ont bien été des " prisonniers de l'évasion ". Une île déserte, des marins anglais enfin libres, des tahitiens et des tahitiennes... Le rêve d'un paradis terrestre a tourné au cauchemar, à la folie et la violence.
Un mythe en quête de vérités...
Cet ouvrage tente de cerner au plus juste la cause vraisemblable de cette mutinerie. Les lettres de Bligh à son épouse écrites dans la chaloupe, les fausses lettres de Fletcher Christian, les plaidoiries romancées de l'avocat des mutins... J'ai d'abord fait de longues recherches et traduits une masse de documents anglais pour travailler par recoupements.
Les fausses pistes
La précision des détails démontre par exemple que l'auteur des fameuses lettres signées Christian faisait bien parti de l'équipage de La Bounty. Par contre la partie qui relate le voyage après la mutinerie est imaginaire. J'ai aussi pu retrouver une carte maritime d'époque où l'on constate que la position de l'île de Pitcairn est fausse. On comprend mieux alors pourquoi, malgré les recherches, on ne retrouva l'unique survivant que vingt ans après la mutinerie. J'ai même réalisé une expérience à Tahiti. Nous avons fait des essais de culture sur l'arbre à pain. Il pousse très vite, de l'ordre de 50 centimètres en deux mois, ce qui m'a permis d'écarter une des thèses qui se base sur une croissance lente pour expliquer la durée de séjour à Tahiti.
Une réalité complexe
Autour du mythe de la Bounty, il existe de multiples versions et interprétations. Dans chacune on peut trouver à la fois une part de vérité et des fausses pistes. Si l'on prend le cinéma par exemple, on trouve deux extrêmes. En 1935, le Capitaine Bligh interprété par Charles Laughton est tyrannique. À l'opposé, en 1963, le Fletcher Christian de Marlon Brando est romantique. La réalité est beaucoup plus complexe. Il n'existe pas une vérité, une cause mais un faisceau de vérités qui peut expliquer le passage à l'acte et la mutinerie du 28 avril 1789. On peut retenir, la personnalité du Capitaine Bligh, sa violence, son stock de rhum, ses absences. La piste homosexuelle ou une relation particulière entre Bligh et Christian ne peuvent être écartées avec certitude. Le rêve tahitien, la douceur de vivre, les m½urs libérées des tahitiennes. La date de l'événement, à peine trois mois avant la prise de la Bastille. Le régime de la marine anglaise qui est tant éloigné de cette société en mutation. Dans ce climat propice à l'explosion, la mutinerie du Bounty n'est pas un cas unique. Par contre c'est la plus spectaculaire et c'est la seule qui concerne un bâtiment isolé et non une flotte.
À lire ...
Qui est Bligh ? Pourquoi est-il parti ? Quel est le lien entre l'arbre à pain et l'expédition anglaise ? Est-ce que la Bounty a réussi à doubler le Cap Horn ? Pourquoi le voyage a-t-il duré dix mois au lieu de cinq pour atteindre Tahiti. Est-ce que le Lieutenant Christian était le second du Capitaine ? Typographie de style manuscrite, un journal de bord imaginaire sert de trame à l'étude. En respectant la chronologie des événements, il invite le lecteur à se plonger dans l'Histoire comme dans un roman. John Hagan a réalisé une série de peintures sur le thème de La Bounty. Confiées par le Pitcairn Islands Study Center de Californie, elles illustrent l'ouvrage et rythment cette aventure unique.
En vente dans toutes les bonnes librairies. Première édition originale numérotée
Bounty, les prisonniers de l'évasion. À découvrir sur le web
Réagir : contacter Nathalie Métayer - ubacto - Publié le : 02-Sep-2004
