Archive ubacto.com 2004

Parcours ?
J'ai fait des études de droit, Odile d'histoire. Nous avons commencé à travailler dans les années 70 dans une très grosse librairie à Orléans. Parallèlement j'ai suivi une formation de libraire à Paris pendant quatre ans, notamment en gestion, organisation. Nous sommes venus à La Rochelle par le biais d'une petite annonce et nous avons d'abord été salariés. Nous souhaitions ouvrir notre propre librairie. Calligrammes a ouvert ses portes durant l'été 1984.

Le nombre de livres sur le marché ?
En fait, il est identique à celui d'il y a un siècle. La différence c'est la distribution. Autrefois les libraires étaient aussi éditeurs ou imprimeurs et les livres se vendaient dans une certaine proximité. Par contre le nombre de références a explosé. Quand nous avons débuté, nous en proposions 4 000, aujourd'hui 40 000. Beaucoup sont stockées dans les réserves ! Peu de personnes savent que les tirages pour chaque ouvrage sont très faibles. La moyenne se situe autour de 2 500 exemplaires. En fait l'éditeur comptabilise les commandes des librairies, ajoute 10% et puis imprime. Aujourd'hui, le circuit du livre est très concentré. Une toute petite poignée de grands groupes à la fois éditeurs, diffuseurs et distributeurs se partagent le marché. Nous voyons finalement peu de représentants qui ont tous de très gros catalogues. Très rarement, un livre est directement commercialisé par son auteur.

Les grandes surfaces ? Le lectorat ?
Les grandes surfaces proposent surtout des "best-sellers". Nous avons une clientèle plus "littéraire" qui souhaite une offre moins "monoculture", plus équilibrée et diversifiée.
Il y a sûrement moins de très gros lecteurs. Par contre, les achats d'impulsion sont plus nombreux, il n'y a plus une émission sans bouquins. Dans notre librairie, les personnes nous demandent de les conseiller, ce que nous avons lu. Ils ne se contentent pas des classements et des passages télé. D'ailleurs, c'est pour cela que nous n'avons jamais de table avec, rassemblés, tous les derniers livres dont on vient de parler. Quand on connaît le client, nous nous trompons rarement. Sachant qu'il dépense en moyenne une vingtaine d'euros par livre, il ne faut pas le décevoir.

Dynamique ?
Une librairie c'est un peu une entreprise privée au service du public. C'est comme cela que nous vivons notre métier. Cela demande un réel investissement, en temps également pour être présent dans le cadre de salons, de festivals, de congrès ou aux côtés d'associations comme Larochellivre. Cela nous permet aussi d'être proche des centres d'intérêt de nos lecteurs, de faire des découvertes, d'enrichir notre fonds notamment dans les sciences humaines. Le département jeunesse ? Très en forme et dynamique. Nous avons la chance de travailler avec une spécialiste qui nous a rejoint quand nous avons agrandi. Là aussi, nous sommes très présents sur le terrain dans les écoles, les bibliothèques, les salons et manifestations. La librairie universitaire est un phénomène très saisonnier et très gourmand en temps, cela représente environ 10% de notre chiffre d'affaires.

Dernier coup de cœur du libraire ?
Une histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jours d'Howard Zinn , traduit par Frédéric Cotton, publié chez Agone et Prix des Amis du Monde diplomatique en 2003. Même si ce n'est pas une nouveauté, il apporte un éclairage différent sur les USA et permet de mieux comprendre l'actualité. Utile en cette période d'élections américaines.

Photo : ubacto - Odile Legrand, Librairie Calligrammes