[ vies publiques ] Jacques Reiller, nouveau préfet de Charente-Maritime

Jacques Reiller, 52 ans est depuis vendredi 6 janvier 2006 le nouveau préfet de Charente-Maritime. Il a pris officiellement ses fonctions lundi 9 janvier. Après la cérémonie de prise d'armes en début de matinée, celui qui "incarne" l'État dans le département a tenu sa première conférence de presse. Tour de table - tour de chauffe, cette tradition permet de faire connaissance tranquillement, sans la pression des questions d'actualité. Jacques Reillet a d'ailleurs précisé qu'il ne souhaitait pas s'exprimer immédiatement sur les dossiers en cours, préférant qu'on lui laisse le temps de les étudier plus en détail. Rencontre autour d'une fonction avec un homme, que l'on pressent calme et réfléchi et qui n'hésite pas à illustrer ses propos avec une fine pointe d'humour.

photo : ubacto - Jacques Reiller, préfet de Charente-Maritime - 9 jannvier 2006

La dimension littorale du territoire
Né à Poitiers en 1953, Jacques Reiller n'y est resté que trois semaines. Une visite à la Rochelle, trois à Royan, ces escales avaient un caractère éphémère et personnel.
Il a insisté sur la dimension littorale de la Charente-Maritime. Une grande nouveauté pour l'ex-préfet des Vosges. Même si l'ambassade d'Alger où j'ai été détaché entre 1988 et 1990 était à deux pas de la mer, je n'ai jamais exercé des fonctions similaires dans un territoire de même nature.

Ici, la spécificité tient au caractère littoral du territoire et à la concentration de population, en particulier quand elle s'accroît jusqu'à être multipliée par trois dans certaines zones en été. Une concentration humaine qui boit, fait la vaisselle, lave et se lave. Une situation intimement lié à la question du développement durable dans ses différent aspects, économiques, environnementaux et de cohésion sociale.

Passage de témoin : le PASED comme "feuille de route"
Concernant les dossiers, Jacques Reiller dit "vite absorber, comme une éponge" mais n'entrera pas dans les détails à l'occasion de cette première prise de contact. Il indique aussi "le corps préfectoral n'est pas l'empire des clones", chaque préfet a sa personnalité. Le point commun reste la fonction.

Aujourd'hui, le passage de témoin est bien mieux balisé qu'avant, précise-t-il. Il y a encore quatre-cinq ans, l'arrivée d'un nouveau préfet pouvait générer des changements de cap beaucoup plus personnels. Maintenant, grâce au PASED, le Plan d'Action Stratégique de l'État pour le Département, l'action s'inscrit plus facilement dans la continuité. Tout en précisant que ce document "n'est pas gravé dans le marbre et qu'il peut évoluer".

À noter : Pour la Charente-Maritime et la période 2005-2006, le PASED définit les 18 actions à mener qui sont ventilées en cinq grandes orientations stratégiques. La cohésion sociale ; les sécurités ; le dynamisme économique ; l'environnement et le littoral ; l'État et le citoyen.
À consulter : l'un des grands intérêt d'internet est la facilité d'accès à l'information publique. Vous souhaitez en savoir plus ? L'intégralité des 18 actions définies dans le PASED est accessible sur le site de la préfecture de Charente-Maritime : cliquer ici pour accéder au sommaire détaillé.

À propos de...
La sécurité : "c'est un vaste sujet, les citoyens ne veulent pas se faire détrousser dans la rue, ni se faire empoisonner dans leur assiette".
Le développement durable : Jacques Reiller semble attaché à cette notion pour laquelle il précise bien à chaque fois les différents aspects : économiques, sociaux et environnementaux.
Le développement économique : moteur de la création d'emplois. En Charente-Maritime, le tourisme "se taille la part du lion", note-t-il, sans oublier les autres secteurs.
L'eau : sans entrer dans le détail d'un des dossiers les plus sensibles de la région, il a profité de la question pour dénoncer la multiplication des "conflits d'usage" qui se font au détriment de l'intérêt commun. Même s'il rappelle que la République prend en compte l'intérêt de chacun, et qu'il étudiera toutes les légitimes revendications de tous les citoyens, il se refuse à cautionner "le réflexe du moi". Son rêve, pour la question de l'eau par exemple, mettre tout le monde dans la même salle en face du "problème de l'autre".

Charente-Maritime : la bonne réputation
"La décentralisation, ce n'est pas la dérive des continents". L'État, via notamment le préfet est impliqué dans ses applications avec les collectivités locales. À ce sujet, il note que la Charente-Maritime bénéficie d'une excellente réputation. Elle est reconnue pour la qualité des relations entretenues par tous les élus qui savent travailler ensemble sur les grands dossiers au-delà des différences de sensibilité politique. La force de son intercommunalité est aussi appréciée.

Un homme, une fonction
Répondant à la question qui lui demandait de décrire, au-delà des définitions officielles et sur le vif du sujet le rôle du préfet, Jacques Reiller précise d'abord qu'il n'a pas de conception sacrificielle et sacerdotale de la fonction et qu'il est essentiel d'avoir une vie privée.

À ses yeux et en précisant ne pas apprécier le terme de "communauté", la seule qui vaille est l'État, dont il est garant des fondamentaux. Le préfet est la personne visible qui "incarne" l'État et qui est mandatée pour le représenter dans les territoires. Son rôle s'inscrit dans la proximité, rappelant qu'à la création des départements par la Révolution, le chef-lieu devait être distant au maximum d'une journée de cheval des limites de son territoire.
Le préfet est garant de la sécurité, de l'égalité de traitement pour chaque citoyen, du bon fonctionnement de l'ordre juridique et aussi en charge des régulations...

Et puis le préfet n'est pas seul rappelle-il. Ce matin, lors de ma prise de fonction, j'ai signé 72 délégations ! Le corps préfectoral est de plus en plus indivis, nous travaillons en "états-majors" dans le cadre des réunions des chefs de services.
Il ne faut pas oublier aussi que tous les fonctionnaires de l'État en poste sont des charentais-maritimes comme les autres. Depuis la Révolution française l'État c'est chacun d'entre nous. La préfecture est donc tout sauf une ambassade de l'État dans le département.

Réagir : contacter N.M - ubacto - Publié le : 20-Jan-2006