Du 30 juin au 10 juillet 2006, quelque 200 films et courts-métrages sont à l'affiche du 34e Festival International du Film de La Rochelle. D'un point de vue arithmétique, une trentaine de moins qu'en 2005. Une "soustraction" sans conséquences pour les festivaliers qui retrouveront l'exceptionnelle mosaïque de programmes qui fait toute la richesse et la diversité du rendez-vous rochelais. Hommages, rétrospectives, découvertes, "Ici et Ailleurs", "d'Hier à Aujourd'hui", les étonnantes séances allongées de la sélection "Tapis, Coussins et Vidéo"... Sans oublier la dernière nuit blanche, cette année autour du polar français et une rencontre-événement le 2 juillet avec Roman Polanski et vous serez comblé ! Programmation, éclairages économiques, ancrage local : zooms sur un festival plébiscité par un public toujours plus nombreux !
photos : X.L - ubacto - Prune Engler, Festival du Film de La Rochelle.
L'esprit du festival"Style et charme, que demander de mieux ? Ce n'est plus un programme, c'est une profession de foi." : pour Prune Engler, déléguée générale du festival, cette 34e édition, toujours aussi militante, défend la diversité. Celle d'un cinéma sans âge, celui d'hier, d'aujourd'hui et aussi de demain ; d'ici et d'ailleurs, sans frontières et sans tabous, aussi bien sur la forme que sur le fond. Ce cinéma curieux et sincère a forgé l'identité de ce festival sans paillettes, sans jury ni trophées qui fait, depuis sa création, l'impasse sur la compétition. Convivialité et diversité, rencontres privilégiées, films inédits : le rendez-vous de La Rochelle est celui de tous les publics, des cinéphiles les plus avertis aux plus petits avec une programmation dédiée aux enfants.
Fréquentation en hausse et nouvelle donne économique
En 2005, le festival a enregistré un record de fréquentation avec 79 000 entrées payantes ! Même si chaque édition a rappelé Prune Engler est un test, force est de constater que le public répond, toujours plus nombreux chaque année à "l'appel de La Rochelle". Même constat du côté des professionnels. Aussi réjouissante qu'elle soit, cette montée en puissance à laquelle il faut ajouter la hausse de certains postes-clés ont un impact important sur la gestion de l'événement.
Entre 2002 et 2006, le budget est passé de 450 000 à 750 000 euros ! Explications avec Arnaud Dumatin, administrateur du festival, "La qualité et la diversité des rencontres avec les acteurs et les réalisateurs ont forgé le succès du festival. Nous accueillons donc de plus en plus d'invités et en même temps le coût de chaque nuitée au centre ville augmente. Au fil des éditions, nous avons aussi ajouté de nouveaux lieux pour les projections et dû étoffer nos équipes. Sans oublier la qualité de la diffusion qui a un prix.
Par ailleurs, les charges artistiques sont de plus en plus lourdes. Aujourd'hui, nous sommes confrontés à l'évolution des prix de la copie, l'écart entre ceux qui sont pratiqués pour le secteur non-marchand et la diffusion commerciale est de plus en plus réduit. C'est donc un poste qui a fortement augmenté. Celui du sous-titrage des copies également. Pour nous, il est essentiel puisqu'un des points forts du festival est de présenter des films inédits en France. Quand ils arrivent, ils ne sont pas sous-titrés et nous devons prendre en charge ce poste pour les faire découvrir !".
Ce faisceau de contingences économiques a contraint l'équipe à réduire d'une trentaine de films, longs et courts confondus sa sélection 2006. "Un crève-c½ur" pour les organisateurs ; même si, avec 200 films, cette soustraction n'est pas perceptible pour la grande majorité des festivaliers.
Du soutien des collectivités à l'ancrage local
La Ville de La Rochelle, le Conseil général de Charente-Maritime, La Région ainsi que l'État, tous les grands partenaires institutionnels ont fait les efforts financiers nécessaires pour que cette 34e édition soit, pour le public, aussi dense et riche que les précédentes. Par contre, il y a peu de chances pour que les charges baissent. Dans ce contexte, Jean-Michel Porcheron, président du festival souhaite réunir plus de partenaires locaux, aussi bien pour renforcer les capacités budgétaires du festival que son ancrage locorégional. Quand on connaît le poids économique et le succès des Francofolies, la création d'un "club d'entreprises cinéphiles" sera peut-être à l'ordre du jour pour 2007.
Fréquentation et questions de calendrier
Le festival, depuis sa création débute le dernier week-end de juin et donc cette année avant les vacances scolaires. L'autre question de calendrier qui pourrait influencer la fréquentation des premiers jours est liée à la capacité hôtelière de La Rochelle. Vendredi 30 juin sera à la fois la dernière journée du Sunny Side of The Doc et celle du lancement du Festival du Film. Prune Engler redoute la pénurie de chambres et souhaite pouvoir discuter de ce chevauchement, tout en rappelant que le rendez-vous cinéphile rochelais se tient aux mêmes dates depuis 34 ans !
Les lycéens de la région au premier rang
Du côté des jeunes générations, l'ancrage local du festival est déjà une réalité. "Depuis 10 ans, l'équipe rochelaise travaille sur les thématiques de la programmation, tout au long de l'année avec les élèves des classes littéraires de la région qui ont choisi l'option cinéma et qui sont également invités aux quatre premiers jours du festival. Depuis 2004, nous collaborons aussi avec les lycées Dautet, Valin et Saint-Exupéry de La Rochelle, notamment dans le cadre de rencontres et de débats. Les lycéens qui le souhaitent peuvent pendant le festival s'impliquer dans le cadre d'émissions de radio ou de travaux d'écriture.", détaille Arnaud Dumatin. Des actions de sensibilisation sont également menées avec l'Université de La Rochelle.
Le festival passe le pont, de la Maison d'arrêt de Saint Martin au public de La Maline
Grâce à la collaboration engagée depuis six ans entre le festival et la maison d'arrêt de Saint-Martin-de-Ré, 12 films réalisés par des détenus au sein de l'atelier audiovisuel ont été déjà présentés aux festivaliers. Pour la 3e année consécutive, le festival "passe le pont" le temps d'une soirée programmée dans l'île de Ré à La Maline. Vendredi 7 juillet, elle proposera de découvrir le dernier court-métrage réalisé, sous le parrainage à la Centrale. Suivra ensuite un ciné-concert qui s'inscrit dans la rétrospective consacrée à l'acteur Harold Lloyd. Le film ?Monte là-dessus? réalisé en 1923 sera accompagné en direct au piano par Jacques Cambra.
Le programme
Impossible de résumer la richesse de la 34e programmation du Festival International du Film de La Rochelle ! Ou alors comme un inventaire, John Huston, Harold Lloyd et Maurice Ronnet pour les rétrospectives, des hommages à Bulle Ogier, Roman Polanski, Stephen et Thimothy Quay, Hirokazu Kore-Eda. Les découvertes avec l'½uvre du cinéaste grec Nikos Panayotopoulos et celle du Géorgien Dito Tsintsadze. Les trois décennies du journal cinématographique de David Perlov...
Sur le web : tous les programmes, tout sur les auteurs, les acteurs et l'intégrale de la grille des horaires à télécharger !
Roman Polanski : exceptionnelle rencontre rochelaise dimanche 2 juillet.
L'intégrale des films du réalisateur polonais est proposée cette année à La Rochelle. L'événement est d'autant plus précieux que Roman Polanski qui n'accorde pratiquement jamais d'interview viendra échanger avec le public juste après la projection du Bal des vampires ; dimanche 2 juillet vers 16h dans la grande salle de La Coursive. Une rencontre rare !
Réagir : contacter X.L - N.M - ubacto - Publié le : 27-Jun-2006