L'Espace Encan de La Rochelle réunit du 21 au 24 mai 2013 quelque 600 experts venus du monde entier pour le 2e "Symposium International dédié à la chimie verte, au carbone renouvelable et aux écoprocédés. Parmi les personnalités attendues au "2nd International Symposium on Green Chemistry Renewable carbon and Eco-Efficient Processes", on notera la présence des chimistes américains Paul Anastas et John Warner, qui sont à l'origine du concept "chimie verte". Leur ouvrage "Green Chemistry: Theory and Practice" publié en 1998 a posé les bases de cette nouvelle façon d'aborder leur discipline. Cette actualité permet de revenir sur celle de la création, officialisée au mois d'octobre 2012 au Salon des éco-industries à La Rochelle de l'Institut de la chimie verte en Poitou-Charentes. À cette occasion, la rédaction ubacto.com avait rencontré d'une part le président du nouvel institut, Jacques Barbier, dirigeant de la société Valagro et qui préside également le Pôle régional des éco-industries. D'autre part, Frédéric Fournet, président régional de l'Union des industries chimiques et directeur de Solvay La Rochelle, ex-Rhodia qui a ouvert à La Pallice une unité de traitement de "terres rares" issues du recyclage d'ampoules basse consommation.
© DR photo presse - Paul Anastas, Green Chemistry and Green Engineering
Symposium International dédié à la chimie verte, au carbone renouvelable et aux écoprocédés à La Rochelle du 21 au 24 mai 2013
L'Espace Encan de La Rochelle réunit à partir de 12h30, mardi 21 mai 2013 quelque 600 experts mondiaux qui vont participer jusqu'à vendredi au 2nd International Symposium on Green Chemistry Renewable carbon and Eco-Efficient Processes.
Les américains Paul Anastas et John Warner figurent parmi les personnalités attendues. Ces chimistes sont à l'origine du concept de "chimie verte" qu'il ont formalisé dans leur ouvrage "Green Chemistry : Theory and Practice" publié en 1998 dans lequel ils ont posé les bases de cette nouvelle façon d'aborder leur discipline. Ils ont notamment défini 12 principes sur lesquels s'appuient aujourd'hui les scientifiques et les industriels pour inverser la tendance : faire de la chimie, non plus le problème mais la solution à de nombreux enjeux de développement durable. Ceci demande, bien entendu, de revoir les modes de conception et de production, de réduire les risques et les pollutions à la source. Paul Anastas, directeur du "Center for Green Chemistry and Green Engineering" à l'Université de Yale, auteur d'une dizaine d'ouvrages sur le développement durable a aussi été le conseiller à l'environnement du président Barak Obama lors de son premier mandat.
Le symposium 2013 de la chimie verte à La Rochelle est organisé par le CNRS et l'université de Poitiers en partenariat des acteurs locaux, notamment la Région Poitou-Charentes. Les participants échangeront dans six grands domaines, qui recoupent les 12 grands principes d'Anastas et Warner :
- La conversion de la biomasse cellulosique c'est-à-dire la transformation chimique du bois, le fractionnement de cellulose, d'hemicellulose, de sucres, de lignine...
- La conversion des huiles végétales et dérivés
- La valorisation de coproduits et déchets ainsi que le recyclage
- La conception d'éco-procédés qui englobe les économie d'atomes et d'énergie, le respect de l'environnement, la diminution d'émission de gaz à effet de serre et de rejets aqueux...
- Les matériaux catalytiques spécifiquement dédiés pour ces procédés innovants incluant des matériaux biosourcés
- L'impact environnemental et sociétal de toutes les actions mises en oeuvre
Les principales informations sont disponibles sur le site du symposium: http://isgc2.conference.univ-poitiers.fr .
L'institut de la chimie verte créé fin 2012 en Poitou-Charentes
C'est au mois d'octobre 2012, lors du salon des éco-industries à l'Espace Encan à La Rochelle que Ségolène Royal, la présidente de la Région avait annoncé la création de cet institut.
Ubacto.com avait échangé, à l'issue de la conférence de presse, avec le président du nouvel institut, Jacques Barbier, dirigeant de l'entreprise Valagro qui préside également le Pôle régional des éco-industries. Concernant les modalités de fonctionnement, il précisait : "Dans un premier temps, il n'est pas question de dire, il faut tant de millions d'euros pour investir ou construire des locaux. Nous allons d'abord travailler en réseau avec tous les acteurs de la filière : entreprises, Union des industries chimiques, chercheurs, Critt afin de répondre à leurs besoins dans le domaine de la recherche aussi bien sur des problématiques nationales et régionales. L'objectif est de réaliser des programmes d'actions transversaux. L'un des premiers pourrait être celui de la viniférine issue des sarments de vigne."
Présent aux côtés de Jacques Barbier au Salon des éco-industries au mois d'octobre 2012, Frédéric Fournet, directeur de Solvay ex-Rhodia La Rochelle est également président régional de l'Union des industries chimiques, l'un des acteurs du nouvel institut de la chimie verte. Il expliquait alors que l'union régionale relayait en Poitou-Charentes une grande enquête menée sur six mois destinée à réaliser une "cartographie" des savoir-faire et des besoins des industriels de la filière en termes de développement durable. Une étude sur laquelle l'institut pourra s'appuyer pour dégager certains axes de recherche.
La chimie est une industrie qui a une mauvaise réputation environnementale rappelait aussi Frédéric Fournet. "C'est surtout lié aux composants polluants et aux consommations d'énergie, précisait-il. Le problème de la consommation d'eau se pose moins aujourd'hui, notait-il car son usage est souvent déjà réduit grâce aux systèmes de traitement installés au sein même des usines et des sites de production. Aujourd'hui, pour la profession, l'enjeu est de transformer les risques que font peser l'industrie chimique sur l'environnement en solutions plus écologiques. Il expliquait aussi que la chimie verte n'est pas seulement d'origine agricole. Des pistes se dégagent déjà dans les domaines de la biométhanisation, de procédés permettant aux déchets d'être éco-efficients ou encore de rupture dans le domaine de la consommation énergie.
La Rochelle : la seconde vie des terres rares issues des lampes basse consommation chez Solway Rhodia, un exemple de chimie plus verte
Au salon des éco-industries de La Rochelle, Solway - Rhodia La Rochelle présentait sa nouvelle unité de traitement des terres rares, inaugurée au mois de septembre à La Pallice. Frédéric Fournet, directeur du site rappelait alors le contexte dans lequel ce projet s'est développé.
La Chine ne dispose que de 30% des ressources mondiales pour terres rares qui sont en fait des matières premières assez courantes contrairement à ce qu'induit leur dénomination. Pourtant, les Chinois qui ont misé sur la production à bas prix sont en situation de quasi monopole et dominent le marché. Près de 97% des terres rares sont aujourd'hui produites en Chine. Aujourd'hui, les industriels veulent sortir de cette dépendance dans un contexte de hausse des prix, d'organisation de la raréfaction et la mise en place de quotas.
À La Rochelle, en fait, la production a redémarré sur des installations arrêtées depuis plus de 20 ans. Nous avions abandonné cette activité, expliquait Frédéric Fornet. Cela fait déjà cinq ans que Rhodia - Solvay a commencé à réfléchir pour diversifier son "sourcing", comprenez son approvisionnement. Grâce à cette anticipation, cela lui permet aujourd'hui de disposer à La Rochelle du seul site en Europe capable de traiter les 17 terres rares. D'un point de vue pratique, 6 d'entre elles sont concernées par le traitement sur le site qui produit des oxydes sous la forme de poudres. C'est un autre site Solvay à Saint-Fons à côté de Lyon qui s'occupe du recyclage et du conditionnement de la matière à retraiter qui est livrée à La Pallice.
Environnement industriel : les rejets liés à l'activité sont gérés sur le site, au sein de sa station de traitement via un procédé physico-chimique.
Si le site de Rhodia était déjà classé Seveso, dans le cadre de la nouvelle activité liée au traitement des terres rares, une nouvelle validation des installations a été nécessaire, laquelle a été validée fin février 2012
Emploi : aujourd'hui, Rhodia La Rochelle emploi 380 persnnnes, dont 25 nouveaux emplois directs créés pour le traitement des terres rares qui a permis de conforter et de renforcer l'activité sur le site.
Compléments en ligne
- La chimie verte selon Anastas et Warner, article de Laurent Fontaine paru en mai 2011 dans le magazine de l'Université de Sherbrooke.
- Un reportage d'avril 2013 de France 3 Poitou-Charentes sur la chimie verte.
Réagir : contacter N.M - ubacto.com - Publié le : 21-Mai-2013