Texte de l'exposition "Waouh ! Le dessin s'agite !" ; écrit par Catherine Lam
A l'orée d'un village du marais poitevin, une ancienne grange a été transformée en une enfilade de maison, ateliers, débarras : c'est là que vivent et travaillent Christian Baron et sa compagne Karotte. L'endroit est vaste et heureusement : il y a assez de matériel pour tout faire et tout tester, et si ça ne suffit pas, en inventer encore. Sur l'établi, les jambes coupées attendent tatouages et il y a des ressorts et des fers à cheval, on ne sait pas pourquoi. Eux le savent sûrement...

Christian Baron, ou Chris Bonobo, natif de La Rochelle, a d'abord fait les Beaux-arts de Poitiers où il rencontra Karotte. Fondus d'objets kitschs, de décorations 40-50', à l'heure où il était plutôt de bon ton de verser dans le concept et la théorisation de l'art, le couple se fait renvoyer de l'école, part aux Beaux-Arts de Nantes où ils parviennent à avoir leur diplôme sans savoir exactement ce qu'ils vont en faire.

Heureusement, Chris Bonobo trouva à Paris un stage de décoration murale à l'école Olivier de Serres (école nationale des Arts Appliqués). Mais ce fut surtout en étant repéré pour sa dextérité que tout commença vraiment : cela lui permit de débarquer chez un sculpteur lapidaire, Hervé Obligi, qui, l'embauchant dans son atelier de Montreuil de restauration et de création d'objets haut de gamme, "l'a décrotté".
Le couple Karotte l'ayant rejoint très vite, se rôda aux techniques, aux matériaux en tous genres. Dès lors, ils étaient armés pour créer leurs propres productions, surfant sur une pléiade de niches, l'univers des tikis, le monde du tatoo, le monde du pinstrip (venu du milieu Kustom, il s'agit de peindre un trait effilé à la pointe d'un pinceau, en un "one shot", geste où Bonobo excelle). Chris Bonobo va décliner son vocabulaire graphique sur une multitude de supports, adepte du tout petit comme du très grand, du plus humble comme du plus précieux : résine moulée, polystyrène, panneaux de bois, planches de surf...
Les pin-ups au glamour grinçant y cotoîent des têtes de mort aux yeux bijoux, toujours avec ce trait qui fait sa signature. On trouve ses créations objets dans les conventions de tatouage, chez le fabricant de surf UWL, à la True Hate Art Gallery ou en Belgique actuellement sans oublier son Myspace.

Karotte le suit dans cette petite entreprise tout en poursuivant son oeuvre personnelle de peintre-sculptrice : des animaux aux formes primitives en pierre et bois, au classicisme brut et épuré qu'elle exposera bientôt au Muséum de Saint-Etienne, et des portraits géants d'après des photos aux couleurs vives et déroutantes.