Texte de l'exposition "Waouh ! Le dessin s'agite !" ; écrit par Catherine Lam Près du marché, c'est derrière les volets fermés d'une ancienne boutique du centre ville que se cache l'atelier-bureau-dépot-maison de Julien Jaffre. Des centaines de flyers, des milliers de disques, des Lénines, des vierges clignotantes, un Mao, une collection de Pez, une tête de cerf avec ses bois, des doudous prêts à prendre leur envol vers d'autres cieux, mais aussi de la colle, des cutters, un marteau... un joyeux fatras avec pas très loin encore les machines (indispensables machine à coudre et ordinateur). Dans ce monde merveilleux nul doute qu'il s'y retrouve.
Originaire de Poitiers, il y a fait des études plutôt sérieuses et a aujourd'hui un emploi tout aussi sérieux à La Rochelle. Sauf que tombé très jeune dans un milieu artistique adepte des marges et sans concessions, où musique, graphisme, cinéma se mèlent, il y prend vite un rôle moteur. La musique indépendante a d'abord occcupé la plus grande part de ses loisirs : chargé de la rubrique musique pour le site de JADE, il a réalisé la biographie de Rubin Steiner et a même présidé le label Travaux Publics. En même temps, il ne cessait d'éditer, d'écrire dans des fanzines aux noms intrigants, Scrogneugneu, le Stéreophile, JADE papier, l'INDIC, Monotrain & Satellites... Et le dessin dans tout ça ? Il dessinait "comme tout le monde". Sauf qu'après avoir reçu en cadeau une machine à coudre, il préfèra se lancer dans la production de doudous morts (avec photos à l'appui) que de coudre les ourlets de ses jeans. Tout un monde naît, mettant en scène de manière drolatique et distancée, la mort et notre attachement aux objets d'enfance. Un univers connu des Rochelais puisqu'ils se sont installés sucessivement à la Galerie Bletterie et au Musée d'Art Contemporain de la rue Gargoulleau.
Depuis un an, il expose des formats plus classiques, plus maniables aussi (avec son fils, il s'agit de pouvoir travailler un peu partout) avec un propos apparement à l'opposé. Glanant des photos libres de droit, il utilise ces images surranées pour construire des montages hypnotiques et sinueux. Offrir the "lostbeauty of the world" ? L'ordinateur est là pour capter les images, les imprimer, mais la main y a une grande part : elle découpe et recolle, maquille de peinture, cerne de traits noirs, encadre ensuite... Par ce biais, Julien Jaffre a mis un pied dans le monde de l'illustration (revues, pochette de disque) tout en appréciant de les vendre en pièce unique : le principal est que ça circule. Comme les doudous, toujours actifs. Maintenant ils sourient, étonnant, non ?
Lien vers : exposition Waouh ! Le dessin s'agite ! Février 2009
© DR - illustrations Catherine Lam - Publié par Catherine Lam le : 10-Fev-2009
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